Voici la version intégrale de l’entrevue réalisée avec Janick du site web « quitter le quebec.com ». Janick habite Hong Kong depuis 2010, quand il a décidé d’immigrer pour avoir sa part du boom économique asiatique.
Un Québécois qui habite Hong Kong
Après avoir habité un peu partout sur la planète, il visite Hong Kong à quelques reprises, car sa copine de l’époque en était originaire. Janick a toujours été fasciné par Hong Kong et le marché de l’Asie, mais sa tendre moitié ne voulait pas aller y habiter. Le jour où le couple s’est séparé, Janick a décidé qu’il n’attendrait pas d’avoir des regrets à soixante-dix ans. Il s’est dit, à 39 ans, c’est le moment ou jamais. On fonce et on va au bout de ce rêve. Tout le monde a tenté de le décourager. Des Québécois, des Canadiens de Toronto, des Chinois torontois lui disaient : tu ne tiendras même pas 6 mois. Janick leur répond aujourd’hui que tout va très bien, qu’il est heureux dans ce qu’il fait, de sa vie à Hong Kong, et qu’il n’est pas près de revenir.
Janick n’est pas un gars ordinaire. Non seulement il a quitté son pays natal pour s’exiler loin en Asie, mais il a décidé d’ouvrir une école d’art martial russe nommé « Systema ». Imaginez le topo : un Canadien français exilé à Hong Kong pour ouvrir une école d’art martial russe. Non, vraiment, personne ne va penser qu’une aventure de fou comme celle-là va fonctionner. Pourtant, Janick nous prouve le contraire : avec de la détermination, de la passion et de l’authenticité, tout est possible. La limite, c’est vous. Comme il dit : « Il n’y a personne qui va aller le chercher ou le faire pour vous, il faut franchir le pas ! »
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L’école de Janick http://www.systemasingapore.com / systemahongkong.com/
Janick, c’est aussi un des grands chefs d’orchestre de quitter le Québec. com, avec Julie la Texane qui elle vit, comme l’indique son surnom, au Texas aux États-Unis. Les deux propriétaires du site ne se sont jamais rencontrés en personne. Ils fréquentaient religieusement le site créé par Jonathan Bouchard, le domaine Quitterlequebec.com, qui avait été enregistré le 24 juin 2005. Jonathan n’avait plus le temps et il a donné le site à ses 2 plus grands partisans, Janick et Julie, qui n’ont jamais cessé de le promouvoir, d’ajouter du contenu et d’améliorer sa structure et son interactivité.
Julie, de son côté, est assez active dans les médias sociaux. Elle fait souvent des chroniques à choi-FM, tant à Montréal qu’à Québec, sur la politique américaine et le mouvement libertarien. Elle fait aussi son propre podcast « deux filles en liberté » sur la même thématique avec une autre acolyte. Elle aime brasser les idées de l’économie de marché et de l’individu responsable, ce qui fait réagir plusieurs personnes, tant en accord qu’en désaccord. Vive le débat, quand c’est fait avec respect c’est toujours constructif.
Le podcast de Julie : « deux filles en liberté » http://www.libertariens.com
Voici maintenant la transcription de l’entrevue que j’ai menée avec Janick depuis mon domicile à Singapour (avec Janick à Hong Kong). Vous pouvez aussi écouter la version audio.
Getlost : Janik, comment vas-tu ?
Janik : Ça va très bien et vous ?
Getlost : Peut pas mieux aller. Tu sais, on se parle, finalement. Tu habites présentement Hong Kong ?
Janik : Voilà, oui, j’habite effectivement Hong Kong depuis 3 ans.
Getlost : Tu viens à la base de Chicoutimi, je pense ?
Janik : Nan, je suis originaire de la Gaspésie, mais j’ai vécu pas mal partout sur la planète. Ce qui m’a amené à Hong Kong, c’est très simple : mon ex était d’ici. J’ai eu la chance de visiter comme touriste plusieurs fois. Elle ne voulait pas venir ici, on a mis ça en veilleuse…Tout simplement, ce qui est arrivé, c’est que quand ça l’a…quand ça l’a chié (en bon canadien-français) entre nous deux, j’ai décidé que bon… Soit je fais le saut à 38 ou 39 ans, ou soit je me réveille à 55 ans puis je me dis « Sacrement, j’aurais dû vivre mon rêve. Et je me suis dit de là hum et on fait le saut. On m’a dit à l’époque que je tiendrais pas 3 semaines, 3 mois… Et ça fait 3 ans.
Getlost : Ah ben ça c’est…c’est la vision québécoise hein, c’est toujours…
Janik : Ah regarde c’est plus que la vision québécoise, parce que je vivais à Toronto à l’époque puis j’ai eu ça de québécois, de torontois et même de chinois de Hong Kong torontois !
Getlost : Ah ouais aha ?! (Rires)
Janik : Et-et-et…je les…je ris d’eux…je ris d’eux aujourd’hui.
Getlost : Ah ouais, mais c’est drôle par exemple parce que ton chemin est inverse. Tu sais, ta copine elle, elle voulait pas pantoute retourner là ; à cette heure elle est plus dans le décor, je vais aller voir pourquoi, l’origine. Hé, tu pratiques un drôle de métier, tu m’en as parlé un peu.
Janik : J’ai la seule école d’arts martiaux russes à Hong Kong. Arts martiaux russes qui se nomment « Systema » qui est un art martial qui est basé sur les anciennes techniques de combat cosaques en Russie qui date d‘à peu près…1000, 1100, 1200 ans. Et ce qui est arrivé, c’est très simple, c’est que c’était une technique de combat, c’est un art martial si on veut, qui était utilisé depuis des lustres. C’est aussi connu, renommé… Appelle ça comme tu veux, ça a la même notoriété que le kong fu, le karaté, ces choses-là, sauf qu’avec la révolution russe, avec la venue de l’Union Soviétique, ce qui s’est passé c’est que… ça a été supprimé. Et ça a été gardé strictement pour les unités de forces spéciales russes, ce qu’on appelle les « Spetsnaz ». Et donc y’avait qu’eux qui avaient le droit de pratiquer. Maintenant ce qui est arrivé, c’est que lorsque l’armée… pas l’armée russe mais… lorsque l’Union Soviétique s’est désagrégée, s’est séparée, certains soldats ont quitté la vie militaire et ont commencé à réenseigner cette vieille tradition.
Getlost : Ah ok, ok, ok, c’est là que…c’est là que c’est revenu dans le circuit.
Janik : C’est ça. Et y’à deux endroits pour apprendre les arts martiaux russes bien connus, et de pool si on veut : un étant à Thornhill, au nord de Toronto, et l’autre étant à Moscou. Et je suis allé me faire ramasser aux deux places. (Rires) Donc aujourd’hui, je suis instructeur et j’enseigne ça à Hong Kong.
Getlost : Ah…bon ben vraiment t’es vraiment un…un mélange assez hétéroclite. Même à Hong Kong, peut pas être plus exotique que ça.
Janik : Écoute, je vais toujours être comme ça, c’est… c’est ce que je suis… c’est qui je suis… Regarde, j’ai… Ça fait longtemps que j’ai fait la paix avec ce que je suis, puis j’essaie pas de me changer, j’essaie juste de m’améliorer.
Getlost : Ah ben c’est bon ça ! (Rires) C’est bon, c’est bon. Comment est la vie à Hong Kong ?
Janik : Euh, la vie à Hong Kong est rapide et… et très… je te dirais pas difficile, mais… c’est « fast space » comme qui dirait. C’est-à-dire que les gens travaillent très tard le soir. T’as toujours… t’as toujours de l’activité, tu sais, quand ils disent « the city that never sleeps ». C’est la même chose ici aussi. J’ai la chance de pratiquer quelque chose qui me plaît, de pas être poigné dans ce deal, dans ce dédale-là de 9 à 5. Par contre je vois plusieurs gens passer au travers de ça sur une base régulière ; puis je me dis « Bon ben regarde, tu sais, ils sont là-dedans, c’est ce qu’ils ont choisi, c’est leur vie. » Pfou ! Tu sais, c’est comme… À un moment donné, si tu veux vivre ta vie, vivre tes rêves, euh, y’a personne qui va venir te le donner sur un plateau d’argent ; faut que tu fasses le pas, faut que tu fasses le saut puis… faut que tu prennes le risque.
Getlost : Pour nous autres à Hong Kong, tu sais, l’image qu’on a, c’est que ça a l’air vraiment comme… beaucoup de monde dans un petit endroit. Est-ce que c’est vraiment… Est-ce qu’on se sent poigné ?
Janik : C’est beaucoup de monde dans un petit endroit. C’est pas de la grosse claustrophobie, en tout cas moi je parle plus sur un niveau point de vue personnel… J’adore, ok. Que tu vives en ville… Vis dans n’importe quelle ville, puis c’est pas mal le même feeling. Sans ça, ça serait pas une ville. Tu sais, si tu veux pas un voisin au-dessus de toi, puis tu veux pas d’un voisin à côté de toi… Va vivre à Ste Madeleine de la jesaispasquoi là, tu sais ce que je veux dire ?
Getlost : Ouais, exact, ouais ouais, ça peut…
Janik : Tu sais, c’est… Tu veux vivre… Tu veux vivre à New York, tu veux vivre à Dehli, tu veux vivre n’importe où qui est une grosse ville, où les choses se produisent, c’est bien plate mais t’as du monde partout, c’est pour ça que ça s’appelle une ville.
Getlost : Ah ben ouais c’est ça, surtout dans ces cas-là, les pôles… les pôles internationaux. (Rires) Comment sont les gens en général ? C’est-tu prude, est-ce que ça pousse dans les… Parce que moi ici, à Singapour, les chinois c’est les « spécial ». Parce que tu vois qu’ils ont… qu’il a fallu qu’ils se battent, ils étaient plusieurs à avoir le… le même siège là, ils n’hésitent pas… pantou- du tout à te passer par-dessus, parce que bon… eux autres c’est la survie.
Janik : Y’a une férocité de compétition, mais ce n’est pas la même chose qu’en… qu’au Mainland China. Euh d’ailleurs, ce genre d’attitude là ici, lorsque les gens le voient, c’est tout de suite associé au Mainland China.
Getlost : Ah ok, ok… Singapour c’est pareil. Ils disent tout le temps « Ben moi je suis chinois, mais les autres, les autres, c’est Mainland », c’est…
Janik : C’est ça. C’est ça. Puis… regarde. Non. Aussitôt tu vois du monde qui 1. savent pas vivre, 2. qui sont bêtes comme leurs pieds, en tout cas, bref… Ici les Mainlanders ont tous les défauts. C’est sûr que bon, c’est pas tout le monde, faut pas généraliser non plus.
Getlost : Ouais, exact.
Janik : Mais… c’est facile à… « they’re easy to spot ».
Getlost: C’est tellement extrême que ouais, c’est ça, celui-là, tu te demandes pas, puis après ça ils ont une étiquette assez facile, tu sais, c’est… ça doit être dur pour quelqu’un qui vient de la campagne de s’en sortir pour pas avoir l’étiquette. La TV puis la bouffe hongkongaise, c’est un peu spécial, peux-tu nous en glisser un mot ?
Janik : Je te dirais que si tu regardes…je sais pas comment ça fonctionne côté quartiers chinois, Singapour, mais je suis pas mal certain que… c’est pas mal le même genre de bouffe chinoise ici que celle que t’as à Singapour. c’est-à-dire beaucoup de dim sum, soy chicken, canard, etc. Bref. Tu sais, tout se ressemble beaucoup. La bouffe la plus diversifiée, la plus variée, de ce que j’ai pu voir, puis encore là je suis très prudent dans ce que je dis, parce que Dieu sait que j’ai d’autres bouffes à essayer encore ici.
Getlost : Ouais, c’est ça que je me dis, c’est assez… c’est un gros pôle à Hong Kong…
Janik : Regarde, c’est ça là. La cuisine chinoise là, tu fais 100 km, puis c’est différent du tout au tout. De ce que j’ai pu voir, la cuisine sichuanaise, la cuisine cantonaise, le sud de la Chine a beaucoup plus de variétés de bouffes que le Nord. Donc… je te dirais que si t’as beaucoup de bouffes chinoises variées où est-ce que t’es, probablement que de ce côté-là, on est pas mal sur le même… au même niveau.
Getlost : Ouais c’est ça, sûrement. Ah ben, ça doit marcher aussi, c’est… c’est plus pauvre dans le Nord, bon, des affaires poussent un peu moins bien puis etc. Sûrement que ça doit être un peu plus limité en frais de… d’abondance et de différence d’ingrédients. C’est sûrement ce qui explique le fait que… C’est-tu vrai que les filles, les filles asiatiques en général, sont gênées, c’est ce que le monde pense…
Janik : Euh, regarde, c’est comme partout ailleurs.
Getlost : Ouais, c’est ça.
Janik : C’est comme partout ailleurs.
Getlost : C’est standard ! (Rires)
Janik : Regarde. C’est ça, j’en ai rencontrées, je te réfèrerais à la toune de Bob Bissonette pour ça. Regarde, tu peux trouver… tu trouves de tout partout. Fait que, tu sais je veux dire, je peux pas…Tu sais.
Getlost : Ouais y’a pas de fil conducteur, ouais, c’est ça.
Janik : Regarde, je me plains pas, ok. C’est…
Getlost : (Rires) C’est ça mais… on est exotiques, c’est la même chose, c’est souvent ça qui arrive quand quelqu’un voyage, le local est toujours exotique et pour le local, le voyageur est exotique.
Janik : Ben regarde, je te dirais que c’est à peu près ça. Ok. Quand je dis que je ne me plains pas, disons que… une des raisons qui me rend heureux de vivre ici, c’est entre autres les femmes, puis regarde. C’est pas pour taper sur les femmes au Québec, très au contraire, je les adore elles aussi, mais je suis bien ici dans plusieurs sens.
Getlost : Ouais c’est ça
Janik : J’ai trouvé… j’ai trouvé mon idéal.
Getlost : Bon, c’est bien ça, (Rires) ben en tout cas, note aux gens qui cherchent, peut-être que vous trouverez quelque chose. Le « night life » de Hong Kong a l’air assez spécial ! Moi j’ai des potes qui sont passés par là puis qui ont eu quand même beaucoup de plaisir.
Janik : Euh oui, le night life est quand même assez exceptionnel, tout dépend bien sûr d’où tu vas, qu’est-ce tu fais… C’est ça. C’est ça, regarde, je te dirais ok, que tu peux comparer ça au night life de n’importe quelle ville. C’est-à-dire qu’après un certain moment donné, quand t’es dedans, c’est comme ok, bon… tu te tiens au centre ville à Montréal, à un moment donné tu sais quand ça fait…4 – 5 mois que tu vas sur Crescent à toutes les fins de semaines, t’es « Ok, bon oh là… ». C’est ça. Puis regarde, quand je vivais à Montréal je travaillais aux Foufounes électriques, ça fait que… À un moment-donné quand tu travailles dans les bars, quand tu travailles dans le milieu des bars, après ça, faire le party, tripper une night life, c’est plus le même feeling, c’est plus le même buzz.
Getlost : Ouais, mais… Ouais y’a ça mais je pense aussi que ça dépend aussi quand… tout dépend qu’est-ce qui se passe dans ta vie.
Janik : Aussi. Aussi, effectivement, aussi. Regarde, j’ai un de mes amis, Francis, qui me parle d’aller visiter Pataya en Thaïlande…
Getlost : Oh my God.
Janik : Et la ville au complet, c’est un strip joint géant. Euh… c’est cool.
Getlost : Ouais mais ça dépend de quel niveau t’es rendu, tu sais, c’est ça, j’ai plein de potes ils tripperaient à mort là. Mais moi, Pataya, personnellement, j’allais rejoindre une de mes copines qui restait proche.
Janik : T’es-tu allé ?
Getlost : Je suis même pas rentré dans la ville ! J’essayais de l’appeler, je lui disais « Hey, y’à la… ». Parce que moi, vu que j’étais étranger, le chauffeur d’autobus, tout le monde pensait que j’allais à Pataya.
Janik : Ok.
Getlost : Là j’étais là, je voyais les pancartes « Hey c’est icitte-citte ». Il voulait pas me laisser sortir. Dès qu’il m’a laissé sortir, j’ai vu la grosse pancarte « Pataya », c’est-y là je capotais, j’ai appelé ma chum « Oh non ! », je lui ai dit « Crisse, hey je suis à Pataya ! Je veux aller chez vous là, comment que je fais pour me rendre ? » Elle m’explique pour l’autobus et tout ça, puis elle me dit « Hey, rentre, tu vas voir, ça vaut la peine ! » J’ai dit « Non, non, hey, je rentre pas ce stiche d’affaires-là ». Ils vont me déculotter, ils vont essayer de m’avoir et puis toute et puis j’étais comme en retour de voyage un peu là, assez serré dans mon budget, ça me tentait pas de rentrer dans une histoire de fou.
Janik : Euh, je suis sûr que le voir pour le voir, ça doit être intéressant.
Getlost : Oui mais pense à ça là, Janik, tout seul. Tu sais, je serais avec toi, genre tu sais, bon ok on vas-tu voir ? Puis on va rire, c’est pas pire.
Janik : Regarde.
Getlost : T’es tout seul puis bon, ton dernier budget t’es dans – t’es à bout, faut que tu retournes au Québec.
Janik : Premièrement.
Getlost : C’est pas bonne place à aller.
Janik : Premièrement, j’irais pas tout seul. Deuxièmement, j’ai assez voyagé dans ma vie pour savoir que regarde…
Getlost : C’est une bonne place pour faire ces erreurs… soit quand t’es trop vieux t’as…
Janik : Justement non.
Getlost : Nan, nan, je veux dire, c’est pas souvent une bonne place, mais c’est là que ça peut arriver.
Janik : Non non non mais regarde. Si tu fais erreurs là, ça peut être des erreurs très graves. Tu sais, tu peux te retrouver mort, tu peux te retrouver tout nu. Tu peux te retrouver avec… comment je pourrais dire donc…
Getlost : Ben tu veux savoir, y’a beaucoup de Russes là-bas, c’est pas jo-jo non plus hein.
Janik : Regarde, ça je le sais pas.
Getlost : Y’a un gros mélange de la mafia. Ouais, y’a un gros mélange de la mafia.
Janik : Ça, je le sais pas.
Getlost : Ben de toute manière, c’est simple, c’est simple Janik, je veux dire c’est « sex, drug n rock n’roll », « red district », ça va pas toujours bien. Faut pas que t’ailles faire… faut pas que tu sois trop soûl, que tu sois colon là-bas…
Janik : C’est ça.
Getlost : …parce que c’est pas que ça va aller mal, ça va aller très, très, très mal.
Janik : C’est ça. Puis, en plus, en plus, les Thaï, sont là pour faire de l’argent. Puis toi, je m’excuse, mais t’es juste un autre morceau de viande qui va cracher du cash. Euh, j’ai aucun doute là-dessus…
Getlost : Ben ouais, c’est sûr, parce que c’est contre leur nature, c’est contre le bouddhisme etc. Fait que ceux qui sont là, sont là pour faire la piastre parce que sinon… ça pousserait ailleurs là.
Janik : C’est ça.
Getlost : De toute manière, c’est jamais des locaux, c’est toujours du monde d’ailleurs. Puis…
Janik : Oh.
Getlost : Sinon c’est du monde… du monde interlope. C’est pour…
Janik : Et voilà. Fait que veux-tu vraiment te mettre le nez là-dedans ?
Getlost : Le monde de Pataya sont ailleurs, puis ils détestent ce qu’il se passe là-bas, mais…
Janik : Exactement ! (Rires)
Getlost : Et dis-moi pourquoi on a lancé le site quitterlequebec.com à prime abord ?
Janik : Euh, le site quitterlequebec.com, ça fait au-dessus de 8 ans que ça existe. Ça a été parti par un gars qui s’appelle Jonathan Bouchard, en 2007, puis ça a été parti sur un coup de tête. Tu regarderas dans la section « Media ». Ce qui est arrivé, c’est qu’à l’époque, André Arthur pendant son show interviewait beaucoup de gens…
Getlost : Ouais, ouais
Janik : Ces interviews-là d’ailleurs qui sont sur le site. À l’époque il a envoyé un courriel à monsieur Arthur, disant qu’il avait parti le site. Et puis lorsque André Arthur a lu le courrier en ligne, lorsqu’il…
Getlost : Ouais.
Janik : Pas en ligne, en onde. Ça a fait boule de neige. Ça a déboulé, ça a viré, de bout en bout. Puis c’est là que j’ai quitté le Québec, c’est là que j’ai connu Julie, ma partner. Et grosso modo, regarde à partir de là, ce qui est arrivé, c’est que la popularité du site, la première vague de popularité a commencé avec un gars nommé Richard Nault et moi avons refait une beauté au site. Et suite à ça, ça n’a pas vraiment généré de trafic. Par contre ce qui est arrivé, c’est que Jonathan n’avait plus le temps, il se consacrait à d’autres projets ; et on avait été souvent là, etc. ça fait qu’il a dit « Regarde, si vous voulez vous en occuper, je vais vous le donner ». Et ben on a pris le site, on a pris le site de lui, et ben on lui a refait une beauté, on l’a revampé, puis ben il connaît la popularité qu’on connaît.
Getlost : Là tu vois, c’est toujours de longue haleine, c’est là le secret, c’est de toujours être là, puis de jamais lâcher.
Janik : Regarde, moi là, ça serait pas de Julie, je serai pas capable de faire ça tout seul.
Getlost : Ouais c’est ça, elle est assez énergique, je peux comprendre comment qu’elle peut tout faire ça.
Janik : Regarde, si elle était pas là, je pense que je serai même pas capable de me lever le matin.
Getlost : Julie elle a un job normal, elle blogue, elle fait sa Getlost, elle fait tout. En tout cas, je me demande comment qu’elle fait.
Janik : Je pense qu’elle est née avec une can de RedBull dans les veines parce que…
Getlost : (Rires) Ouais, c’est sûrement… Euh qui sont les utilisateurs en général ?
Janik : Plein de gens. Je peux pas dire si… portraits typiques x, y, z. Ce qu’on s’aperçoit c’est qu’à toutes les fois que quitterlequebec.com est mentionné dans les nouvelles, y’a des gens qui se joignent au site. Tu as des allophones, t’as des francophones… Certains anglophones parce qu’on a leavingquebec.com aussi, qui est en quelque sorte le miroir anglophone de quitterlequebec. Mais ce qui est assez incroyable, ce qui est assez hallucinant, c’est la quantité de personnes qui veulent foutre le camp. Écoute, ils parlent là, le reportage de CTV, tu l’as vu comme moi.
Getlost : Ouais, ouais ouais ouais.
Janik : Ils parlent de 17 000 personnes qui ont quitté le Québec, depuis le début 2013. Je peux-tu te dire que 17 000 personnes là, euh, le graphique qu’on reçoit là, c’est… des fois en haut de tout ça. On a eu beaucoup plus que ça que le PQ a été élu en une soirée.
Getlost : Ouais, ça c’est dommage là…
Janik : Fait que… regarde.
Getlost : Mais… c’est pas fini, c’est ça le problème, c’est que… il va falloir que ça descende encore plus bas. Un peu comme la France le problème aussi, puisque ça va mal, les bons s’en vont puis bon, le monde qui devrait pas reste. Fait que.
Janik : Écoute.
Getlost : Ça va aller de plus en plus dur.
Janik : La…la meilleure manière de comparer, ok. C’est pas moi qui le dit, ça c’est encore monsieur Arthur qui le dit. Il y a une couple d’année, puis il a pas… J’ai pas trouvé de parallèle, j’ai pas trouvé de…
Getlost : Ouais, il était bon là, l’avait des défauts là mais…
Janik : Et mais ce qu’il a dit c’est simple : le Québec est un alcoolique, ok. Le Québec est un alcoolique, il va falloir qu’il tape le fond.
Getlost : Ouais ouais, bon oui, je suis complètement d’accord avec ça. Tu sais, c’est un peu ce qui m’est arrivé. Des fois… tu te dis « Bon, j’ai rien à perdre hein… » pour se décider.
Janik : Oui.
Getlost : Y’a plus de porte de sortie ok, y’a celle-là ou rien, fait que bon, aussi bien d’essayer. Quelles sont les questions récurrentes, qu’on retrouve souvent sur le site ?
Janik : Euh, « comment aller aux États ? », « J’ai telle, telle, telle formation, je peux-tu aller aux États ? », « J’ai telle, telle, telle affaire, comment je peux faire pour trouver de quoi dans l’ouest ? » Ça tourne tout le temps autour de ça.
Getlost : Ouais, ouais, c’est ça en général. Puis sûrement les permis de travail, et puis la green card, puis…
Janik : Tout ce qui a rapport à ça.
Getlost : Ok, ok, fait que c’est… si y’a des gens qui se posent des questions, c’est une bonne place parce qu’il y a d’autres personnes qui se posent des questions, il y a d’autres personnes qui ont répondu.
Janik : Yep.
Getlost : Quels sont les endroits les plus populaires que vous voyez où les gens semblent se diriger ? L’Ouest canadien, ça a l’air d’être quand même assez populaire, parce que c’est assez facile…
Janik : Regarde…
Getlost : …ils restent au Canada.
Janik : 90…80, 90% des questions qu’on reçoit, puis là je parle beaucoup en terme général, c’est USA Ouest. USA Ouest.
Getlost : Pas trop loin, mais dans d’autres… donc ils cherchent plutôt à trouver d’autres conditions de… d’imposition, etc.
Janik : « Anywhere but Quebec. »
Getlost : (Rires) Pourquoi toi à Hong Kong, et Julie au Texas, vous prenez la peine de garder autant de liens, en tout cas. Même si je sais que toi, tu veux pas retourner au Québec pour tout l’or du monde, mais tu prends quand même la peine, c’est ta manière d’ordonner ou quoi ?
Janik : Je te dirais, moi, ok. Regarde, Julie et moi on hait pas le Québec, on fait pas ça parce qu’on hait le Québec. Mais encore là ça revient à ce qu’on disait que, c’est l’alcoolique qui doit toucher le fond.
Getlost : Vous aimez ça brosser le pommier. Un peu de…
Janik : C’est même pas ça, regarde. C’est même pas la question de brosser le pommier, ok. C’est la question que les gens… ça fait des années qu’il y a beaucoup de gens qui pensent exactement comme nous depuis des années, puis que là tranquillement ils sont en train de se réveiller puis de se dire « Hey, y’a pas juste moi ». Depuis…C’est selon moi, le côté le plus fort de quitterlequebec.com, c’est que les gens se disent « Hey, tabarnouche… ! »
Getlost : Tu vois, ça fait des dommages collatéraux qui peuvent être bénéfiques aussi dans le sens que, bon, ce qu’il y a ailleurs, pourquoi pas l’avoir ici, pourquoi pas s’inspirer de…
Janik : Hup-hup-hup-hup-hup, ‘garde-‘garde-‘garde-‘garde-‘garde. Tu sais, c’est pas ça. C’est que, il y a tellement de monde qui pensent de la même façon, mais qui ne se parlaient pas, qui ne se connaissaient pas. Qui avaient peur de parler parce que le troupeau allait les rabrouer.
Getlost : Ah, ça c’est sûr que c’est souvent comme ça là, faut que…
Janik : Mais l’autre tu sais, c’est comme Hey ! Tu sais, toi là, t’es dans… tu vis là, je sais pas moi, en banlieue de Rimouski.
Getlost : Ouais.
Janik : Puis tu penses à aller vivre aux États, à travailler en Arizona. Puis ta famille qui est jamais sortie du Québec va dire « Ben t’iras pas travailler là ».
Getlost : T’es-tu malade toi ?
Janik : C’est ça.
Getlost : En tout cas, si tu te ramasses dans le trouble…
Janik : C’est ça. C’est ça.
Getlost : On ira pas te chercher.
Janik : C’est ça. Puis regarde, ok. Je… Puis encore là, ok, je suis pas en train – Dans tout ce que je dis, je ne veux pas…
Getlost : Insister… C’est pas… c’est pas une…
Janik : C’est ça.
Getlost : Ça reste une démarche personnelle. Vous… C’est juste… C’est plus une communauté, une vision un peu. Pour… Une place où est-ce que le monde peuvent partager et puis ne pas se sentir seul, des fois, ça peut aider. Comment tu vois l’avenir pour pour le site, le Québec et puis Janik, personnellement ?
Janik : Euh, Janik il va continuer de faire ce qu’il fait parce qu’il est pas mal heureux dans ce qu’il fait. Je continue ce que je fais, je veux… Je veux le plus vite possible grandir mon école, la faire croître, la faire prendre de l’expansion.
Getlost : Fait que c’est bon, de toute manière on va s’en reparler une couple de fois, c’est quand même assez intéressant se… se jaser. On aura bien des affaires à partager. Puis, bon… la base c’est quitterlequebec.com. Si vous avez des questions, allez-y, vous allez trouver quelqu’un, c’est sûr, pour y répondre.
Janik : Et voilà. Tu sais, la force des choses, c’est que… les gens qui veulent partir, les gens qui veulent décoller, peuvent maintenant le faire, ont des ressources, peuvent parler à d’autres monde. Fait que regarde…
Getlost : Oh, vous n’êtes pas seul ! (Rires)
Janik : C’est en plein ça.
Getlost : Merci… merci jeune homme, monsieur l’Italien. On se reparle très bientôt.
Janik : Ça fait plaisir !
Getlost : Bye !
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