Phra Julien, un moine blanc québécois vivant dans le nord de Thaïlande, près de la frontière Birmane. C’est spécial. On va tenter de comprendre ce qu’il fait là et comment il s’est rendu là. Martin vient faire un passage pour nous parler de sa balade au nord de la Thaïlande, dans les environs de Chiang Mai, et son expérience de retraite monastique avec Phra Julien. Pour le reste, on va y aller avec ce que j’ai dans mon sac à surprise, des Getlost News.
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Voir un prêtre ou un moine jeune et dégourdi est surprenant. Mais voir un moine bouddhiste blanc canadien ou québécois originaire de Sherbrooke au Québec, c’est très original. C’est Martin qui, lors de son voyage de 6 mois en Asie, avait rencontré Phra Julien, un moine farang (étranger). Il habite dans le nord de la Thaïlande, près de Chiang Mai. Il m’avait dit que c’était un gars de Québec, un moine bouddhiste québécois dans un monastère dans le nord de Thaïlande. Martin m’avait dit « je vais aller faire une retraite lors de mon retour vers Bangkok ». Ça a piqué ma curiosité au plus haut point.
Retraite bouddhiste en Thaïlande avec un moine blanc francophone (québécois)
Il fallait que j’interviewe cet étrange personnage pour en savoir plus sur ce qui peut bien pousser quelqu’un venant d’un petit bled de Sherbrooke, Québec, Canada à devenir moine dans une jungle perdue en Thaïlande.
Phra Julien est un marginal, un moine dévoué qui suit le principe pur du bouddhisme, mais applique une certaine logique et une intelligence dans l’affirmation et la pratique de ses croyances. Il est parfois critiqué pour ses choix et ses agissements qui sortent un peu du cadre traditionnel du bouddhisme, et pour la couleur de sa peau.
Get lost news
Cambodge : grève chez les travailleurs des usines de textile. Ils exigent des augmentations de 200 % pour avoir un minimum de 160 USD par mois.
Corée du Nord : grave problème de la population dépendante au cristal meth ou méthamphétamine.
Thaïlande : plus de 500 000 personnes seraient des « esclaves ». En effet, l’industrie de la pêche thaïlandaise a la malheureuse distinction d’avoir une grande partie de ses 200 000 travailleurs migrants soumis au travail forcé et la traite. La Thaïlande a le plus grand nombre de personnes réduites en esclavage en Asie du Sud-Est. Un malheureux 7e rang dans le monde des pays avec le plus d’esclaves selon un nouvel indice par la charité anti-esclavage de la Foundation Walk.
et beaucoup plus…
Voici l’entrevue avec Phra Julien en version texte
Il tente ici de justifier la visite de sa mère et certains principes bouddhistes qu’il a contournés à des gens sur Facebook.
Les moines ont 227 préceptes à suivre. Du moins, ils doivent se faire une raison et s’efforcer de les suivre le plus possible.
Comme dans la plupart des sociétés organisées, les moines ne peuvent pas tuer, voler, avoir du sexe ou faire semblant d’avoir un pouvoir psychique qui n’est pas vrai. Si un moine brise ces préceptes, il doit quitter ses fonctions par respect pour le bouddhisme.
Mais tous les autres préceptes ne sont pas aussi stricts. Bouddha avait des raisons pour tous les préceptes. Mais cela ne signifie pas que nous devrions rester trop stricts sur ses préceptes. Tout passe par la voie du milieu. Nous devons utiliser notre jugement de disciple vinaya (qui signifie préceptes de moines). Ces préceptes comprennent le Machima, la voie du milieu, Dukkha, la souffrance ou la satisfaction, Kilesa, le défilement (vices et impuretés d’esprit). Les moines vinaya ne peuvent pas toucher à l’argent ou à une femme. Ce sont de très bons préceptes. La sexualité est certainement la première raison pour laquelle un moine renonce à son ordonnance et retire sa robe. Il est donc bon pour les moines de prendre une distance avec les femmes. Il y a un magnétisme entre l’homme et la femme qui a conduit à la sexualité.
Alors les moines ne peuvent pas toucher ou rester seul dans une pièce avec une femme. C’est généralement un bon précepte, mais quand vient la question de la mère et de l’enfant, c’est différent. Il n’est pas nécessaire d’être trop strict sur ces préceptes.
Pour ce qui a trait à l’argent, c’était un bon précepte de ne pas trop toucher à l’argent. Pour vivre une vie simple. Il y a 2500 ans, dans le temps de Bouddha. Mais maintenant, la vie de nos jours a changé. Les moines de maintenant peuvent généralement toucher à l’argent.
En réalité, il y a seulement 2 préceptes pour tous les êtres humains. Ne pas trop faire quelque chose qui soit une source de dukkha, ou souffrance, pour nous ou pour les autres, ou qui apportera le mal par nous ou par d’autres. Nous devons utiliser la sagesse en tout temps !
Par exemple, si je disais à ma mère qu’un moine bouddhiste ne peut pas toucher sa propre mère, elle ne comprendrait pas. Elle penserait certainement que le bouddhisme est une religion stupide. Nous devons utiliser la sagesse.
Je connais aussi un moine canadien stupide. Il est venu à la maison de sa mère en plein hiver en février. Il voulait rester strict sur le vinaya et ne voulait pas dormir sous le même toit que sa mère. Alors il dormait dans une tente à -20°C. Ça c’est stupide.
Voici pour la petite introduction au bouddhisme et à la philosophie ou préceptes personnels utilisés par Phra Julien. Passons maintenant à l’entrevue…
Comment doit-on t’appeler ? Phra Julien, c’est ton nom bouddhiste, ton nom de moine. D’ou vient ce nom ?
Phra est un terme général qui peut être traduit par « moine ». Mais il y a de nombreux termes qui peuvent être utilisés selon l’âge, la seigneurité ou le statut du moine. Généralement, les gens vont m’appeler Luang Pi Julien, qui pourrait être traduit par « frère Julien ». Julien est le prénom que mes parents m’ont donné. J’ai aussi un nom bouddhiste, Apataro, qui signifie « celui qui apporte la lumière ». Mais en Thaïlande, contrairement à quelques autres pays bouddhistes, les moines n’utilisent généralement pas leur nom bouddhiste.
Comment es-tu arrivé en Thaïlande ? Étais-tu bouddhiste avant ton voyage ? Comment t’es-tu retrouvé moine à Mae Hong Son ?
Petit résumé de ma vie :
Jeune, j’étais plutôt calme avec peu de confiance en moi. Je jouais au hockey et je réussissais bien à l’école. Je viens d’une famille conventionnelle et éduquée. Mes parents et ma soeur sont tous les trois très intelligents et ils ont une belle réussite professionnelle.
Vers l’âge de 16 ans, j’ai pris part à un échange culturel, un AFS, pendant lequel je suis allé une année en Nouvelle-Zélande. Je suis extrêmement reconnaissant envers mes parents pour m’avoir permis de participer à cet échange. Ce fut pour moi un tournant dans ma vie. Mes ailes ont poussé et j’ai pris confiance en moi. Avec cet échange, j’ai rencontré de nombreux Thaïlandais. J’ai eu une grande familiarité avec ces gens, ce qui m’a donné le désir de venir en Thaïlande. Ce que j’ai fait l’année suivante en prenant part à un autre échange culturel : Jeunesse Canada Monde. Un programme rural, stage de 3 mois et demi en Ontario puis la même période en Thaïlande. Dès mon arrivée en Thaïlande, j’ai eu ce fort sentiment d’y avoir vécu dans ma vie précédente et que j’allais y vivre à nouveau dans cette vie. Bien que j’étais déjà attiré par le bouddhisme et que je pratiquais déjà la méditation et le yoga, je n’aurais jamais cru devenir moine à l’origine. Disons qu’à 18 ans, étant de signe astrologique lion, j’avais un peu trop d’hormones.
« Il ne s’est pas étendu sur le sujet, mais on imagine ce qui a pu arriver plus tôt dans ses réponses. Il disait avoir des affinités avec les Thaïlandais et Thaïlandaises. De toute manière, c’est dans une autre vie »
Je suis retourné par la suite au Québec afin de faire mes études collégiales puis je suis revenu en Thaïlande à l’âge de 21 ans. Je suis tout d’abord resté avec des amis que j’avais rencontrées lors de mon échange précédant. Ils habitaient dans une région rurale dans le sud du pays. Là où il y a des fermes de fruits, de légumes, de caoutchouc et des rizières. Par la suite, j’ai commencé ma vie méditative. Je suis resté plus d’un an dans différents centres de retraite en Thaïlande comme laïque. J’ai découvert une véritable paix et un bonheur intérieur. J’ai su que le véritable bonheur n’était qu’une question de pureté et de paix d’esprit. À partir de ce moment-là, je savais que ma voie était de devenir moine. Je suis retourné à nouveau au Québec afin de passer le nouvel an 2000 avec ma famille, puis j’ai été ordonné moine le 24 juin 2000.
J’ai passé les 9 premières années dans un monastère splendide en montagne, sans électricité, où le village le plus près était à 10 km. Une heure de trajet avec un bon camion tout terrain, un 4×4, 4 roues motrices comme on dit. Mais le climat social n’était pas très bon. Un mauvais abbé. Alors je suis parti. Une famille indienne vivant à Chiang Mai m’a financé la construction d’une superbe hutte dans un endroit paradisiaque. Seul en montagne à 2100 mètres d’altitude, près d’un village montagnard, avec une chute d’eau en face et une caverne à l’arrière ! Trop beau pour être vrai. J’ai eu de fausses informations quant à la propriété du terrain. La construction fut déclarée illégale, car elle était dans une réserve nationale thaïlandaise. Ma hutte a dû être déconstruite. Depuis, je suis resté dans quelques monastères de villages montagnards. J’aime beaucoup ces gens. Ils ont des vies simples et pures, près de la nature.
Comment sont tes relations avec les autres moines ?
Tout n’a pas toujours été parfait. Je suis un bon moine avec une très belle aptitude pour la méditation. Mais je suis un moine marginal et je fais les choses à ma manière. Je préfère grandement pratiquer le yoga ou faire des exercices physiques aux chants bouddhistes de thaïlandais. Un ennui mortel, pathétique. C’est encore pire que les chants grégoriens ! C’est la raison pour laquelle je préfère rester dans un monastère où je suis seul.
Les moines thaï ne sont généralement pas très instruits. Le bouddhisme en Thaïlande est malade, et la qualité des moines est médiocre. Très peu de moines s’adonnent véritablement à la méditation. C’est une autre raison pour laquelle je préfère rester seul. Une très grande majorité des moines qu’on ordonne à un jeune âge et pour une longue période le font pour de mauvaises raisons. Soit pour avoir une vie facile, ils vont demeurer dans des monastères en ville où il y a beaucoup de donations monétaires, ou pour avoir une vie homosexuelle active. Mais les moines thaï qui sont ordonnés plus âgés le sont pour des meilleures raisons et sont généralement de meilleurs moines. Il y a tout de même des exceptions, et certains moines ordonnés en bas âge sont de très bons représentants.
Comment communiques-tu avec les autres moines ?
Comme je vis généralement seul, j’ai peu de rapports avec d’autres moines.
Quelle ont été les réactions lors de tes premières rencontres et tes sorties en habit de moine au village ?
J’ai généralement de très bons rapports avec les villageois montagnards. C’est certain qu’ils sont toujours surpris au départ de voir un moine occidental. Mais j’ai une bonne aptitude pour m’intégrer.
Ça se comprend qu’ils soient surpris.
Explique-nous comment se passe une journée typique de moine ?
La journée typique d’un moine… Généralement, les moines vont avoir une séance de chant le matin et le soir. Ils vont aller faire l’aumône dans le village ou la ville vers 6h30 et mangeront ensemble un ou deux repas avant midi. Les moines partageront les tâches communautaires. Beaucoup de novices étudient. Il y a une école pour novices et moines, jusqu’à l’université. Quant à moi, je me lève généralement à 3h30 et je me couche à 23h30, je fais une sieste dans l’après-midi. Je prends uniquement un repas végétarien par jour. Pour le reste, j’aime m’adonner au yoga et à la méditation.
Peux-tu expliquer simplement les principes du bouddhisme et ses pratiques pour des gens qui ne connaissent rien de rien sur cette religion ?
Le bouddhisme, ce n’est pas compliqué. Le Bouddha a enseigné 3 choses :
De faire le bien, d’être généreux, d’avoir de la compassion et de ne pas pécher.
En général, les bouddhistes ont 5 préceptes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas tenir un discours incorrect, pas d’inconduite sexuelle, pas de drogues ou d’alcool. De purifier notre esprit par la méditation et de libérer notre esprit de tout vice ou de toute impureté : colère, égo, jalousie…
Le bouddhisme est davantage une philosophie qu’une religion. Le bouddhisme est à propos du présent, « ici et maintenant ». Une façon de vivre sa vie en harmonie et de grandir spirituellement. Le bouddhisme, contrairement à d’autres religions, n’accorde pas vraiment d’importance aux croyances, mythes ou magies. Ce n’est pas la foi qui nous sauvera, mais notre pureté d’esprit, notre générosité et notre entraide !
Quels sont les différents courants du bouddhisme en Thaïlande et dans l’ensemble de l’Asie ? On devient mélangé avec l’hindouisme, ce n’est pas pareil du tout. Il n’y a pas plusieurs dieux comme Ganesh… ?
Le bouddhisme, tout comme le christianisme, est divisé en 3 grandes églises. Mais pour les laïques, il y a a peu voire aucune différence. L’enseignement de base est le même. Mais un peu plus différent pour les moines. En Thaïlande, ont doit rester fidèle aux enseignements de Bouddha.
Yoga : Je pratique beaucoup le yoga, car c’est très approprié pour la méditation. Ma colonne vertébrale est croche. Je souffre de maux de dos depuis que j’ai 12 ans. Le yoga m’est très bénéfique. Mais le Bouddha n’a rien enseigné à propos du yoga. En Thaïlande, ce n’est d’ailleurs pas très accepté qu’un moine s’adonne au yoga, et encore moins s’affiche publiquement sur Facebook les deux pattes en l’air. Je suis un mouton noir.
Quel genre de personne vient faire des retraites dans votre monastère ?
Je souhaite la bienvenue à tous pour venir faire une retraite méditative ou simplement venir visiter un village montagnard. C’est accessible à tous. Il suffit simplement de me contacter via Facebook. Il y a logis au monastère. Ce n’est pas un centre de retraite comme tel. Je suis généralement seul. Ce n’est pas strict et trop planifié avec des horaires. Au programme : une alternance de méditation assise, marche méditative, méditation couchée, relaxation, yoga et randonnée pédestre.
Quel est le statut d’un moine étranger ? Comment arranges-tu tes visas de séjours ? Ça m’intrigue…
J’ai un visa annuel que je dois renouveler avec les autorités thaïlandaises.
Tous sont bienvenus !
Si tu as d’autres questions, au plaisir de te répondre.
Merci Julien.
Visitez sa page Facebook « Phra Julien » pour communiquer avec lui et vivre une expérience différente de retraite méditative ou rencontre avec le bouddhisme dans le nord profond de la Thaïlande.
Bonjour,
Je vais faire simple: je suis un encien moins (ce qui ne veut pas dire que je connais tout)
Dans les réponses de ce moine il y a des inepties sur la base même du bouddhisme et de l’ordre bouddhiste ( ce qui doit être à l’origine des problème avec les autres moines).
Les jugements spartiates qu’il pause sur les moines sont arbitraires ( même ci il y a des brebis galeuses ).
Le yoga pour remplacer les champs !!!
Ce ne sont pas des champs mais des prières qui nous aide à trouver un état plénitude tout en rendant hommage.
De plus ne pas connaître les préceptes en dit beaucoups sur le personnage ( la seule chose que le bouddhas shakyamuni nous enseigne c’est l’une des voies pour arrêter le siècle renaissance )
Il dit des 3 préceptes: faire le bien ( pas un précepte mais une évidence
D’être généreux (ce n’est absolument pas écrit même ci cela est bien)
D’avoir de la compassion ( oui c’est bien mais siddhartha et devenu le Bouddhas de la compassion après avoir eu l’illumination. Donc il va pas le demandé aux hommes )
Le Bouddhas a juste dit qu’ il fallait chercher en sont fort intérieur et il nous aide avec sont expériences (ce n’ai pas obligatoire car il dit qu’il y a plusieurs chemins et que ça technique est un des chemin).
A vous de trouvé la vôtre.
Voilà de manière très simplifié.
Donc Phra Julien suis ça voie qui n’est pas representatrice du bouddhisme du petit véhicule en général.
Cela porte un nom » une secte »
Mais je n’ai rien contre.
Bonne journée à tous